Sylvia Bongo  / Idées
Gabon : Sylvia et Noureddin Bongo victimes d’une terreur d’État
Publié le : 7 mai 2025 à 10h52min | Mis à jour : il y a 3 jours
Gabon : Sylvia et Noureddin Bongo victimes d’une terreur d’État. Photo: Droits réservés/Gabon Intelligent

Gabon : Sylvia et Noureddin Bongo victimes d’une terreur d’État. Photo: Droits réservés/Gabon Intelligent

Depuis le 30 août 2023, Sylvia Bongo Ondimba et son fils Noureddin Bongo Valentin vivent un véritable calvaire, plongés dans l’ombre d’un système répressif où l’inhumanité semble régner en maître. Enfermés dans des conditions effroyables, pris au piège d’une justice qui n’est rien d’autre qu’un masque derrière lequel se cache la barbarie, ils sont les victimes d’un État qui préfère la violence au respect des droits humains.


Sylvia et Noureddin Bongo sont aujourd’hui les symboles d’une régression aussi brutale que choquante depuis le coup d’Etat qui a renversé Ali Bongo le 30 aout 2023. Transportés d’un centre de détention secret à un autre, privés de tout contact avec le monde extérieur, ils sont soumis à des tortures physiques et psychologiques effrayantes. Les témoignages qui émergent sont d’une grande gravité et témoignent de l’horreur que vivent ces deux êtres humains.

Les révélations sont accablantes : Sylvia Bongo aurait été régulièrement frappée, menacée de mort, et victime de tentatives d’asphyxie. Quant à son fils, Noureddin Bongo, il aurait subi des tortures électriques, des coups violents ayant conduit à la perte d’un tympan, des combats forcés contre d’autres détenus sous la menace, et un isolement total. Ces actes ne relèvent ni de la justice, ni de la loi, mais d’une logique de terreur où la victime devient une marionnette dans les mains d’un pouvoir aveugle et cruel.

Le déni des autorités : une stratégie de silence

Le silence des autorités gabonaises face à cette situation est d’une lourdeur accablante. Il ne s’agit pas seulement d’indifférence, mais d’une stratégie délibérée de déni, visant à cacher l’indicible. Pendant des mois, le sommet de l’État Gabonais a choisi de ne pas réagir, espérant que cette violence systématique resterait invisible aux yeux du monde. Mais lorsque l’indignation populaire a pris de l’ampleur, les autorités n’ont même pas eu l’honnêteté de reconnaître la gravité des faits. Elles ont, au contraire, minimisé ces actes cruels en les qualifiant d’“agitation médiatique”. Cette stratégie de déni, loin d’éteindre le feu, l’a alimenté, car c’est ce que l’on rejette souvent qui fait le plus peur : la vérité.

La torture : une barbarie inacceptable

La torture n’est jamais un outil de justice. Ça constitue un crime pur, un affront à l’humanité. Elle n’a ni raison d’être, ni justification, et il est inadmissible qu’un pays tolère de tels actes au nom de la loi

La torture n’est jamais un outil de justice. Ça constitue un crime pur, un affront à l’humanité. Elle n’a ni raison d’être, ni justification, et il est inadmissible qu’un pays tolère de tels actes au nom de la loi. Lorsque la torture devient une pratique courante, l’État se transforme en une machine à détruire son propre peuple, perdant toute crédibilité et toute légitimité.

Certains pourraient être tentés de justifier ces actes comme un retour à la justice après des années de privilèges, mais il est crucial de rappeler qu’aucune souffrance infligée, quel que soit le prétexte, ne saurait être excusée. Rien ne peut justifier la torture. Ça constitue un crime absolu, hier, aujourd’hui et demain.

La dignité humaine est inaliénable

Antoine de Saint-Exupéry disait : « Tout homme qui accepte la torture sur un autre détruit en lui l’homme. »

Ces mots, écrits il y a des décennies, résonnent plus que jamais aujourd’hui. Si nous permettons qu’un ancien dirigeant soit torturé, qui serons-nous pour empêcher que cela n’arrive à un citoyen ordinaire demain ? Le Gabon ne peut se permettre de vivre sous le joug d’une loi du plus fort. Aucune vie, aucune dignité humaine ne doit être sacrifiée sur l’autel du pouvoir.

Le calvaire de Sylvia et Noureddin Bongo va bien au-delà de leurs noms et de leur statut. Leur souffrance est une épreuve pour l’humanité tout entière. Leur détention illégale, leurs tortures, sont un test pour notre conscience collective. Il ne s’agit pas de défendre un individu ou une famille, mais de défendre un principe fondamental : la dignité humaine est inaliénable et doit être respectée en toutes circonstances.

L’exigence de justice

Il ne s’agit pas de réclamer l’impunité, mais de demander la justice. Et cette justice ne peut être atteinte sans l’abolition de la torture, sans la fermeture des prisons secrètes, sans le respect des droits à un procès équitable, sans la recherche de la vérité. Robert Badinter, dans son combat pour l’abolition de la peine de mort, nous rappelait que « la torture est le plus abominable des crimes que l’homme puisse commettre au nom de la loi. » Ce n’est pas une question de défendre des noms ou des symboles, mais de défendre un principe : plus jamais cela. Plus jamais, dans un pays qui se veut démocratique, républicain et respectueux des droits humains, nous ne devons tolérer de telles pratiques.

Qui seront les prochains ?

Si nous restons silencieux face à ces crimes, qui sera là pour dénoncer les suivants ? Si nous acceptons cette réalité, que ferons-nous lorsque la victime sera l’un d’entre nous ? Souvenons-nous des paroles de Martin Niemöller : « Quand ils sont venus pour les communistes, je n’ai rien dit, parce que je n’étais pas communiste. Quand ils sont venus pour les syndicalistes, je n’ai rien dit, parce que je n’étais pas syndicaliste. Quand ils sont venus pour les juifs, je n’ai rien dit, parce que je n’étais pas juif. Quand ils sont venus pour moi, il n’y avait plus personne pour protester. »
Ces paroles doivent résonner comme un avertissement. L’histoire nous enseigne que l’indifférence est le terreau des dictatures.
En cette époque, nous devons faire un choix : celui de l’action ou celui du silence.