Le mariage de la carpe et du lapin . Photo: Droits réservés/Gabon Intelligent
La concertation politique sur laquelle certains avaient mis de grandes attentes s’est soldée par un recul démocratique. Je voudrais à ce moment de mon propos m’excuser d’avance pour ceux qui seront blessés par mon propos, que ces derniers considèrent qu’il ne s’agit pas de manquer de respect à qui que ce soit ni de donner de leçon à personne mais d’exprimer ma position en tant que citoyen Gabonais. Je veux qu’on s’approprie la citation de Laurent Gbagbo « la démocratie ça veut dire qu’on est tous dans la (...)
Pour revenir à la fameuse concertation, depuis 2009 Ali Bongo a comme préalable à toute discussion avec l’opposition, la reconnaissance de sa légitimité. On se souviendra que le chef de l’exécutif avait répondu à la demande de la conférence nationale du défunt André Mba Obame « je ne parle pas avec ceux qui ne reconnaissent pas mon autorité ». 2016 a empiré cette non-reconnaissance avec la contestation de Jean Ping et des résistants avec tous les happenings (ntchams) réalisés.
La consécration du tyran « je ne parle pas avec ceux qui ne reconnaissent pas mon autorité »
En se présentant tous au bord de mer le 13 février 2023, l’opposition politique a permis à Ali Bongo d’affirmer sa légitimité et de répondre à la question restée en suspens depuis 2019 « qui dirige le Gabon ? ». Toute la classe politique assise (sauf Jean Ping) et Ali Bongo face à eux lisant un discours, clôture toutes les supputations sur sa légitimité et son incapacité à diriger le pays.
Connaissant cette situation, pourquoi diantre l’opposition s’est rendue à cette rencontre qui était tout bénéfice pour le régime de Libreville dès la première journée ? De mon point de vue, l’opposition Gabonaise de façon consciente ou inconsciente considère l’ancienne puissance coloniale comme l’arbitre du jeu politique nationale. Ceux qui parlent avec les hommes et les femmes politiques de notre pays vous diront qu’ils sont allés à cette rencontre car selon eux, elle était à l’initiative de l’Elysée. Curieusement, sur le Gabon, l’Elysée ne s’exprime que très peu publiquement. Toutefois, l’Elysée se débrouille toujours pour faire parvenir ses messages ou certains inventent des messages sans jamais qu’il ne les démente. Résultat des courses c’est toujours le système Bongo-PDG qui gagne.
Rappel Historique
Avant de conclure mon propos j’aimerais faire un petit rappel historique :
L’Elysée un arbitre partial : il n’y a pas de négociations sans moyen de pression
En résumé dans son histoire politique, l’opposition Gabonaise a toujours aveuglement fait confiance à la puissance coloniale qui l’a malheureusement toujours livré au régime en place. Le Dr Akouré Davin vient d’en faire la douloureuse expérience avec cette rencontre politique.
Un jour, il faudra que l’opposition Gabonaise accepte que son seul allié est le peuple Gabonais et qu’il ne faut donner de blanc-seing à personne sans avoir de garantie.
Autre fait important, il faudra que l’opposition Gabonaise arrête de supputer sur les injonctions de Paris au régime car bien souvent elle se fait des films en couleur sans que l’Elysée n’ait envoyé un quelconque signe. A quel moment Macron a-t-il donné une injonction à Ali Bongo pour organiser un dialogue ? Et par quel canal ? L’opposition ne s’est-t-elle pas fait roulée dans la farine par ceux qui prétendent être des intermédiaires ?
On va à la concertation parce qu’elle est voulue par l’Elysée ça s’entend ! Mais qu’avez-vous demandé comme contrepartie ? Par quels moyens allez-vous faire respecter ce deal si jamais vos préalables sont rejetés ?
“Ce sont les démocrates qui font les démocraties, c’est le citoyen qui fait la république. ”Georges Bernanos
Je voudrais terminer mon propos en rappelant que Pierre Mamboundou qui refusait de participer au dialogue avec le pouvoir jusqu’en 2006 le justifiait en disant « C’est le PDG qui fraude et organise les élections, il ne tient qu’à eux d’arrêter de frauder pour que le processus électoral soit crédible ». Disons les choses clairement le processus électoral actuel n’est pas certes excellent mais il est suffisant pour que l’expression du peuple soit entendue. Nous devons à la vérité de dire que pour des dirigeants n’acceptant pas l’idée du suffrage universel aucun système ne sera jamais suffisamment robuste. Ce qui manque aux processus électoral gabonais ce sont des républicains car comme le disait Victor Hugo “La République affirme le droit et impose le devoir.”