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Gabon – Ali Bongo protégé par une « Garde Républicaine » surarmée.
Publié le : 18 octobre 2022 à 22h56min | Mis à jour : Octobre 2022
Gabon – Ali Bongo protégé par une « Garde Républicaine » surarmée.. Photo: Droits réservés/Gabon Intelligent

Gabon – Ali Bongo protégé par une « Garde Républicaine » surarmée.. Photo: Droits réservés/Gabon Intelligent

Le quai d’Orsay s’est opposé à la livraison d’armes destinée à la Garde Républicaine du Gabon par peur que ces armes ne servent dans la répression qui pourrait avoir lieu après l’élection présidentielle prévue en Aout 2023 au Gabon. Cet article s’intéresse à cette garde prétorienne qui a depuis longtemps du sang sur les mains.
La Garde Républicaine du Gabon qui fait office de protectrice farouche d’Ali Bongo et de son régime n’a pas été créée par lui, ni par son père Omar Bongo qui a régné sans partage sur (...)


La Garde Républicaine du Gabon qui fait office de protectrice farouche d’Ali Bongo et de son régime n’a pas été créée par lui, ni par son père Omar Bongo qui a régné sans partage sur le Gabon pendant 42 ans mais par Léon Mba, le première président du Gabon à la suite du coup d’Etat qui l’avait renversé brièvement le 18 février 1964.

Protecteur du Régime Bongo

Aux heures les plus difficiles du régime Bongo, la Garde présidentielle, « La G.P. » a montré qu’elle est bien le cerbère du pouvoir d’Omar Bongo. En 1990, elle se déploie dans la capitale pour mater les contestations très fortes qui manqueront de renverser le régime d’Omar Bongo. C’est elle qui débarque au domicile du président de l’Assemblée nationale de l’époque qui devra se réfugier dans une ambassade en 1990. En 1993 et 1994, elle contribue – par la violence et l’assassinat - à maintenir le régime d’Omar Bongo….

Avions, blindés, renseignements …

Disposants de plusieurs bases dans la province de l’Estuaire où se trouve la capitale Libreville, mais aussi dans le haut Ogooué, la Garde Républicaine du Gabon est une armée entièrement à part et à part entière. Depuis longtemps, elle dispose de blindés, d’avions, d’hélicoptères, mais aussi d’un redoutable service de renseignements (La Direction Générale des Services Spéciaux), d’un puissant système d’écoutes et de surveillance électronique le SILAM créé au début des années 80…

"Vous n’avez pas honte d’avoir voté pour un Chinois ?"

Après l’élection frauduleuse d’aout 2016, c’est la Garde Républicaine (qui a changé de nom en 1994, mais qui est restée la même) qui donne l’assaut du quartier général de Jean Ping dans un climat de répression généralisée. Cette nuit-là, La G.R. est sans pitié. Elle tue, et torture sans ménagements au cours d’une nuit d’horreur tout en reprochant aux partisans de Jean Ping d’avoir choisi l’ancien beau-frère d’Ali Bongo, « Le patron » comme ils l’appellent : "vous n’avez pas honte d’avoir voté pour un Chinois ?".

Tortionnaires

Mais des agents de la garde Républicaine torturent aussi et dans l’enceinte même du palais présidentiel du Gabon ! Un journaliste gabonais un peu trop critique sur un membre de la famille présidentielle y a été sévèrement battu et plus récemment, le Lieutenant Kelly Ondo Obiang qui avait tenté de renverser le régime le 7 janvier 2019 y a été torturé : « J’ai été conduit à la présidence de la République. Le directeur des services de renseignement (Direction générale des Services Spéciaux qui était Fréderic Bongo, ndlr) et ses gars m’ont conduit après dans une pièce isolée. J’étais attaché et torturé pendant plus d’une heure ».

« La garde meurt, mais ne se rend pas, nous défendons le président. »

Le 17 août 2022, lors de la fête nationale du Gabon, la garde républicaine étale encore sa puissance. Elle dispose désormais d’une force spéciale de plus de 300 hommes nommée Section des Interventions Spéciales (SIS) qui est une nouvelle unité d’élite à la disposition d’Ali Bongo et dont les éléments promettent : « Je défendrai mon président avec bravoure au péril de ma vie » et ajoutent « La garde meurt, mais ne se rend pas, nous défendons le président » (sic). Dépassant de loin en équipement l’armée régulière gabonaise (qui est elle-même acquise au régime !), la Garde Républicaine du Gabon s’est aussi dotée d’unités de combat en milieu forestier mais surtout – et fait très étrange – d’une unité anti-émeute sans doute au cas où des Gabonais trop excités seraient tenté de s’emparer du palais présidentiel…
Ayant exprimé sa volonté d’être « président à vie » du Gabon et de voir « son fils chéri » Nourredine Bongo lui succéder, Ali Bongo compte bien sur « sa Garde » pour concrétiser son projet.

Avec @Mondafrique