LE GABON ET LE TOGO VIENNENT DE DEVENIR OFFICIELLEMENT MEMBRES DU COMMONWEALTH : OH ! LA FARCE DE MAUVAIS GOÛT !!. Photo: Droits réservés/Gabon Intelligent
Le Gabon et le Togo viennent donc, ce samedi 25 juin, de devenir respectivement les 55e et 56e membres du Commonwealth. Jadis principalement un assortiment d’anciennes colonies britanniques, le Commonwealth s’est graduellement ouvert aux pays francophones au cours des deux dernières décennies, dont le Rwanda en 2009 et maintenant le Gabon et le Togo, parmi les derniers admis.
Seulement, il y a un hic fondamental, ou deux, à toute cette farce de mauvais goût :
1) Il y a d’abord le fait que, (...)
Seulement, il y a un hic fondamental, ou deux, à toute cette farce de mauvais goût :
1) Il y a d’abord le fait que, selon Wikipedia, "Les États membres . . . sont liés par leur utilisation de la langue anglaise et des liens historiques". Or, ni le Gabon ni le Togo ne sont historiquement des pays anglophones liés au Royaume-Uni par "l’utilisation de la langue anglaise et des liens historiques". Le Gabon et le Togo sont, plutôt, d’anciennes colonies françaises ayant en commun l’usage du français comme langue officielle du fait même de ce fait colonial.
2) Il y a ensuite le fait que, selon le communiqué officiel posté sur le site de l’organisation ce 25 juin 2022, "Les critères d’éligibilité pour l’adhésion au Commonwealth, entre autres, stipulent qu’un pays candidat doit démontrer son engagement envers la démocratie et les processus démocratiques, y compris des élections libres et équitables et des législatures représentatives ; l’état de droit et l’indépendance du pouvoir judiciaire ; une bonne gouvernance, y compris une fonction publique bien formée et des comptes publics transparents ; et la protection des droits de l’homme, la liberté d’expression et l’égalité des chances."
On voit tout de suite que ni le Gabon ni le Togo, là encore, ne remplissent aucun de ces critères :
– Aucun n’a jamais démontré son engagement envers la démocratie et les processus démocratiques ;
– Aucun n’a jamais tenu d’élections libres et équitables ;
– Aucun n’a jamais élu de législature qui ne fût le résultat de malversations électoralistes frauduleuses ;
– Aucun ne constitue un État de droit ;
– Aucun n’a de pouvoir judiciaire indépendant ;
– Aucun n’a jamais fait preuve de bonne gouvernance ;
– Aucun n’a de fonction publique bien formée ;
– Aucun n’a de comptes publics transparents ;
– Aucun n’assure la protection des droits de l’homme ;
– Aucun ne tolère la liberté d’expression
– Aucun ne garantit l’égalité des chances.
Autrement dit, aucun des nouveaux admis ne peut obtenir de note meilleure qu’un ZÉRO sur les 11 critères ci-dessus évoqués qui constituent, a minima, l’ossature même de tout ce qui conditionne le processus d’admission au Commonwealth.
A cela, on pourra ajouter ceci : Le Gabon et le Togo sont, comme deux gouttes d’eau jumelles, ce que l’on peut appeler des Républiques monarchiques telles que je les définis dans mon livre "LE GABON EN DANGER" (Voir https://www.editions-harmattan.fr/livre-le_gabon_en...), c’est-à-dire ces avortons de Républiques qui ne sont pas officiellement des monarchies, mais dans lesquelles, cependant, le pouvoir se transmet de père en fils, comme dans une monarchie, avec comme conséquence immédiate la confiscation clanique et familiale du pouvoir. Dans ces avortons de Républiques incestueuses, les élections elles-mêmes ont perdu tout sens. Elles n’y sont organisées que pour entretenir l’illusion du vote, alors même que les résultats, eux, sont toujours connus d’avance. Les clans Eyadéma et Bongo sont ainsi au pouvoir, tous les deux, depuis, maintenant, 55 ans, détenant ainsi conjointement le record mondial qui fait de leurs pays les seules Républiques au monde à être dirigées 55 ans durant par les mêmes familles, les mêmes clans.
Devant de tels bilans, à quel jeu joue donc la Grande-Bretagne, vu que ni le Gabon ni le Togo ne sont des démocraties, tout comme ne le sont ni le Rwanda ni le Cameroun, parmi les pays francophones déjà admis à ce — désormais — fourre-tout qu’on appelle le Commonwealth ?
Une autre question fondamentale vient à l’esprit : En quoi, finalement, la Grande-Bretagne est-elle si différente de la France dans le domaine de la promotion de la démocratie et des droits de l’Homme en Afrique si, dans les deux cas, les deux anciens prédateurs coloniaux que sont la France et la Grande-Bretagne préfèrent fermer les yeux sur les dictatures francophones qu’ils soutiennent non seulement au Rwanda et au Cameroun, mais aussi, maintenant, au Gabon et au Togo, faisant ainsi fi de leurs propres proclamations — devenues hypocrites — sur la démocratie et les droits de l’Homme ?
Pour nous Africains qui rêvons parfois, ou même trop souvent, de nous trouver de nouveaux maîtres en croyant qu’il y a des impérialistes plus regardants sur les droits de l’Homme que d’autres, qu’il y aurait, dans le fait impérialiste sous toutes ses formes, de bons impérialistes et de mauvais impérialistes, la réalité à laquelle nous devons faire face est, malheureusement, que TOUS les impérialistes veulent dominer le monde. Pour cela, il leur faut des vassaux serviles. Il n’y a pas d’impérialiste philanthrope.
Ceci doit donc, quelque part, nous porter à réfléchir sur ce que nous voulons faire de notre Afrique de demain. Vu que l’Afrique qui intéresse les impérialistes et néocolons de tous acabits est l’Afrique des dictateurs aux régimes fragiles parce que ne reposant sur aucun consensus de gouvernance partagée avec leurs peuples, les Africains ont intérêt, plus que jamais, à comprendre que la solution, pour notre continent, ne sera jamais dans la substitution d’un colon blanc par un autre, ou d’un impérialiste par un autre. Le salut d’une Afrique qui se veut vraiment libre, autodéterminée et souveraine passera, inévitablement, par le déclic mental qui voudra que l’Africain commençât à comprendre que le seul partenaire qui en vaille vraiment la peine pour l’Africain reste l’Africain lui-même. L’Afrique reste et restera donc toujours... le meilleur partenaire pour l’Afrique.