Prince de Capistran : le monstre sacré du cinéma gabonais. Photo: Droits réservés/Gabon Intelligent
Le 5 janvier 2025, Adrien James Prince de Capistran, plus connu sous le surnom d’« Oncle Didine », a quitté ce monde à l’âge de 66 ans. Acteur autodidacte, il a marqué de son empreinte le paysage culturel gabonais, alliant talent, humour et engagement en faveur du cinéma national. Retour sur le parcours exceptionnel d’un artiste qui a su toucher le cœur des Gabonais.
Natif d’Angone, aujourd’hui un quartier d’Oyem, Prince de Capistran grandit dans un environnement imprégné de foi et de culture. Fils (...)
Natif d’Angone, aujourd’hui un quartier d’Oyem, Prince de Capistran grandit dans un environnement imprégné de foi et de culture. Fils d’un diacre et d’une novicienne, il développe dès son plus jeune âge un amour profond pour l’art dramatique. Sa passion, nourrie par une expérience spirituelle marquante à l’âge de sept ans, l’oriente vers les planches, où il se distingue rapidement sous la direction du père Dominique Vanderbeck.
Des rôles devenus cultes
Le grand public découvre Prince de Capistran en 1986 grâce au court-métrage Le Singe Fou, réalisé par Henri-Joseph Koumba Bididi. Ce film poignant, abordant des thématiques sociétales fortes, se voit récompensé par le prix de la critique des journalistes arabes au Festival du Film de Carthage, ainsi que par le Grand Prix du court-métrage au FESPACO en 1987.
En 2001, il atteint un nouveau sommet de popularité avec son rôle marquant dans Les Couilles de l’Éléphant, une satire politique acclamée lors du 17e Festival panafricain du film de Ouagadougou. Son jeu d’acteur, d’une intensité rare, confirme sa place parmi les figures incontournables du cinéma gabonais.
L’Auberge du Salut : un triomphe télévisuel
C’est néanmoins avec la série L’Auberge du Salut que Prince de Capistran laisse l’empreinte la plus indélébile dans le cœur des Gabonais. Son personnage d’« Oncle Didine », à la fois tendre et espiègle, devient un véritable phénomène de société. Son humour irrésistible et son charisme naturel le hissent au rang des acteurs les plus appréciés du petit écran.
Un militant infatigable du cinéma gabonais
Tout au long de sa carrière, Prince de Capistran ne cesse de défendre le cinéma gabonais. Il déplore le manque d’infrastructures et de financements dédiés aux artistes locaux, plaidant inlassablement pour l’émergence d’une industrie cinématographique nationale. « Espérons que je ne me suis pas investi toute ma vie pour rien… », déclarait-il avec émotion dans une vidéo poignante, peu avant son décès.
Un hommage vibrant lors du cinquantenaire de l’indépendance
En 2010, lors des festivités marquant les 50 ans de l’indépendance du Gabon, Prince de Capistran joue un rôle central dans les célébrations culturelles. Aux côtés d’autres figures emblématiques du cinéma et du théâtre, il participe à plusieurs représentations et événements visant à rendre hommage aux pionniers des arts scéniques gabonais. Son discours passionné sur l’importance du cinéma comme vecteur de mémoire et d’identité nationale résonne encore aujourd’hui.
Un héritage impérissable
Avec plus de 50 productions à son actif, Prince de Capistran laisse un legs artistique d’une richesse inestimable. Son talent et sa vision du cinéma gabonais continuent d’inspirer des générations d’acteurs et de réalisateurs.
Sa disparition représente une perte immense pour le septième art au Gabon. Pourtant, son œuvre demeure vivante, et de nombreuses voix s’élèvent pour réclamer que son nom soit attribué à un prix ou à un festival de cinéma national en hommage à son engagement indéfectible.
Prince de Capistran restera à jamais une figure majeure du cinéma gabonais, un conteur hors pair et un défenseur passionné de la culture de son pays.