Haut commissaire au service de la République. Photo: Droits réservés/Gabon Intelligent
Le 11 août dernier, l’ancien Premier ministre d’Omar Bongo annonçait officiellement son départ de la Coalition pour la nouvelle République (CNR) pour se mettre « à la disposition de la République et par conséquent de l’Etat ». La sortie de l’ex compagnon de Jean Ping désormais haut-commissaire était prévisible après sa rencontre avec Ali Bongo le 9 juin 2021. Ce fait politique est un intéressant à deux titres. Le premier titre peut être compris sous le prisme d’une classe politique hors-sol et le second (...)
Le 11 août dernier, l’ancien Premier ministre d’Omar Bongo annonçait officiellement son départ de la Coalition pour la nouvelle République (CNR) pour se mettre « à la disposition de la République et par conséquent de l’Etat ». La sortie de l’ex compagnon de Jean Ping désormais haut-commissaire était prévisible après sa rencontre avec Ali Bongo le 9 juin 2021. Ce fait politique est un intéressant à deux titres. Le premier titre peut être compris sous le prisme d’une classe politique hors-sol et le second l’absence de leadership de Jean Ping.
Lorsque Jean Eyeghe Ndong, ancien premier ministre, ancien sénateur, ancien député et ancien élu local, décide de rencontrer Ali Bongo le 9 juin 2021, alors que depuis 5 ans il faisait partie de ceux qui ne reconnaissaient pas Ali Bongo comme Président République. Il avait ce jour déjà quitté la Coalition pour la nouvelle République (CNR) et surtout la Résistance.
En effet, en rencontrant Ali Bongo, il reconnaissait de facto ce dernier comme chef de l’Etat et rendait caduc de facto sa contestation. Ce qui est le plus surprenant c’est que l’objet de cette rencontre ne concernait pas une cause commune. Jean Eyeghe Ndong aurait pu rencontrer Ali Bongo pour évoquer les prisonniers politiques, l’année universitaire 2020-2021 qui en juin n’avait pas démarré, le campus de l’UOB fermé depuis novembre 2014, le gel des embauches à la fonction public, les violences policières (2 personnes ont été abattues lors du mouvement des casseroles), le climat social morose en raison d’un chômage endémique aggravé par les restrictions liées au COVID, oui tellement de sujet concernant le peuple mais NON Jean Eyeghe Ndong a choisi de rencontrer Ali Bongo pour sa situation administrative personnelle et surtout il l’a dit tout naturellement en sortant d’audience.
Au moment où Laurent Gbagbo lui rencontrait Alassane Ouattara pour ses compagnons de lutte encore en prison et pour décrisper le climat social. Jean Eyeghe Ndong lui n’en avait que pour ses sous. Jean Eyeghe Ndong a utilisé sa position pour améliorer sa situation personnelle, quel genre de leader réagit ainsi ? Si ce n’est un leader hors-sol, ou plutôt un homme égoïste et dépassé. Curieusement Jean Eyeghe Ndong affirmait le 11 août qu’il a été blessé par les cris de réprobation de sa démarche du 9 juin, l’homme s’est senti humilié par les critiques voire les injures. Les questions qu’on serait tenté de lui poser sont les suivantes :
Tous les gabonais qui ont des soucis administratifs (John Nambo, Bandega, Ntoutoume Ayi, et consorts tous ces compatriotes dont les salaires sont impayés depuis leurs soutien à André Mba Obame) peuvent-ils et doivent-ils rencontrer Ali Bongo pour évoquer leurs situations individuellement ?
Où a-t’ il vu pareille procédure ?
Si lui leader de son état ne soulève que ses problèmes qui évoquera ceux du peuple ?
Pourquoi Jean Eyeghe Ndong n’avait-il pas condamné la diaspora gabonaise de Paris lors qu’elle s’est introduite dans l’ambassade de France pour retirer le portrait d’Ali Bongo et le remplacer par celui de Jean Ping plus que lui reconnaissait Ali Bongo comme président de la république ?
Pourquoi n’a-t-il jamais reproché à Jean Ping de se faire appeler Président élu de la République ?
Autant questions dont les réponses laisseront transparaitre un homme inconséquent, déboussolé, et porté par sa jouissance personnelle.
Certains répondront il a tenu 12 ans sans broncher dans l’opposition
Oui Eyeghe Ndong est resté 12 ans dans l’opposition mais sa situation personnelle n’a jamais été mise en péril et il n’a jamais quitté les ors de la République. Il faut se souvenir qu’en claquant la porte du PDG en 2009, sitôt la présidentielle 2009, avait été élu Député du 2e Arrondissement de Libreville, poste qu’il va occuper jusqu’en fin 2011. Une fois ce mandat alors que l’opposition avait majoritairement boycotté les élections législative de 2011 et les élections locale de l’année d’après. Jean Eyeghe Ndong lui va se présenter à la mairie de Libreville, il échouera mais va quand même remporter la mairie du deuxième arrondissement de Libreville. Mairie d’ailleurs qu’il va confier à son fils (on n’est jamais mieux servi que par soi-même) lui-même se faisant élire sénateur grâce aux conseillers municipaux.
Donc comme sa trajectoire le montre de sa sortie du PDG en 2009, Jean Eyeghe Ndong a toujours eu un poste qui lui permettait d’être toujours bien rémunéré par la République. En réalité depuis 2009 et ce jusqu’en fin 2019 (fin de son mandat de sénateur), Jean Eyeghe Ndong a toujours été comme il l’a dit lui-même au service la République et donc il n’a jamais eu à souffrir des brimades réservées aux opposants du régime Bongo.
Au service de la République jusqu’à quand ? Et la retraite est ce fait que pour les sous-citoyens ?
Dans un pays où l’espérance de vie est de 64 ans et la retraite à 60 ans voire 65 ans pour certaines professions, comment à 74 ans peut-on être autant obsédé par le désir de se mettre au service de la République ? Se mettre au service de la République implique-t-il nécessairement un poste ? A quel moment Jean Eyeghe Ndong se mettra-t-il au service de la nouvelle génération pour accompagner, guider, conseiller, soutenir l’action ?
Surtout à 74 ans après une carrière qui l’a mené vers les plus hautes responsabilités, Jean Eyeghe Ndong s’il ne se sentait plus en phase avec les revendications de la Coalition pour la nouvelle République (CNR), ne pouvait-il pas se retirer de la scène politique plutôt que de cracher sur tout ce qu’il avait lui-même dit devant la dépouille d’Omar Bongo ?
« Il faut choisir entre le champagne pour quelques-uns et l’eau potable pour tous »
Thomas Sankara